jeudi 3 novembre 2011

SEPT MILLIARDS DE COUVERTS A TABLE


       Ça y est ; depuis le 31 octobre dernier, l’humanité a franchi le cap de sept milliards d’habitants selon le fond des nations unies pour la population. En treize ans seulement, la population mondiale vient d’enregistrer un autre milliard d’habitant (nous étions 6 milliards en 1998). Ce bond démographique  est en partie, le corollaire d’une mortalité en chute libre dans certain coin du tiers monde. Ce chiffre, loin d’être une simple donnée arithmétique couve d’immenses défis. Lesquels n’ont aucun goût de sinécure ; soyons-en-sûr.  Deux crises encore récentes et sur lesquelles le soleil des médias a arrêté ses rayons des jours durant, illustrent bien le plus urgent de ces défis qu’il faudra affronter une fois la nuit se sera faite sur les flonflons officiels de la célébration de ce sept milliards de voisins. Ce sont : La faim dans la corne de l’Afrique qui a mis en alerte la générosité internationale et les récentes violences qui se sont produites à Fanaye, dans le nord du Sénégal, où la communauté rurale protestait contre l’octroie de 20000 hectares de terres arables à des investisseurs privés dans le cadre d’un projet de culture de biocarburant.

     La disette qui secoue depuis peu la corne de l’Afrique, montre bien que la sécurité alimentaire pour les sept milliards d’habitants que compte désormais la terre n’est pas un combat gagné d’avance. Cela invite in fine les dirigeants de la planète et singulièrement ceux du tiers monde à relever le défi de la souveraineté alimentaire. En des termes simples, il faut renforcer la production alimentaire  pour espérer nourrir tout le monde. Encore qu’il faille que les gendarmes de la finance et du commerce internationales épargnent leurs fourches caudines aux politiques agricoles allant dans ce sens, dans cette partie de la planète baptisée tiers monde. Car selon le sociologue Jean Ziegler, le FMI ; la banque mondiale et l’OMC qu’il nomme « les trois cavaliers de l’apocalypse de la faim » dans une tribune publiée à jeune Afrique et extraite de son dernier livre, ont une responsabilité dans cette faim qui lamine certaines contrées du tiers monde du fait des mauvaises ordonnances économiques trop souvent prescrites et imposées. « Là où sévit le FMI, les champs de manioc, de riz, de mil se rétrécissent. L’agriculture vivrière meurt. Le FMI exige l’extension des champs de culture coloniale, dont les produits – coton, arachide, café, thé, cacao, etc. – pourront être exportés sur le marché mondial et rapporter des devises, à leur tour affectées au service de la dette ». Écrit-il. Cela montre combien parfois le discours séduisant sur la sécurité alimentaire - rien qu’à l’écouter fait croire parfois à une fin immédiate de la disette dans le monde - ne correspond en rien à ce qui se pratique sur les terres cultivables. Quand cette intelligence technocratique “made in Washington“ rencontre aussi la faiblesse des circuits  d’approvisionnement en produit alimentaire, on est convaincu  qu’une tranche de ces sept milliards d’hommes dormira encore  l’estomac vide. « (…) il y a beaucoup de nourriture, mais un milliard de personnes souffrent de la faim… ». Confirme Ban kin-Moon le secrétaire général des nation-unies

Quant aux heurts intervenus au Sénégal, ils mettent en relief l’utilisation des terres cultivables devant le défi de l’autosuffisance alimentaire. Les 20000 hectares de terres octroyés à la multinationale en question, représentent le tiers des terres cultivables et des terrains que parcourent pasteurs et bêtes à la recherche d’herbe fraîche dans cette partie du Sénégal. Ce genre de politique agricole qui ne laisse aucun moyen de défense aux communautés rurales - dépendantes de l’agriculture - face à la faim est de plus en plus légion en Afrique malheureusement. Selon OLIVIER DE SCHUTTER, rapporteur des nations unies pour l’alimentation, entre 15 et 20 millions d’hectares de terres africaines ont été cédés en trois ans à des investisseurs dans le domaine agraire. On l’imagine aisément, pour des cultures industrielles.

       Le défi de trouver à manger aux sept milliards d’individus  invite désormais à resserrer un peu les lignes au niveau de l’utilisation des terres arables. Deux contraintes s’imposent alors de ce fait. Accélérer le transfert des techniques  agricoles garantissant  une meilleure productivité à l’hectare vers le tiers monde, et orienter les investissements agraires étrangers vers l’agriculture vivrière avec pour premier objectif assurer la souveraineté alimentaire. C’est possible, si les tenants de ce monde sont sincères en parlant de la faim et si, les sept milliards d’habitants que nous sommes désormais n’apparaissent pas dans les discours politiques que juste par snobisme.
                                                                                                             MOMO DIA


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